Sauver ou périr

J’ai servi douze mois à la caserne Champerret. Là où était basés les engins des 5 morts au feu de Neuilly. Je n’étais pas à la 5, je n’étais qu’un scientifique du contingent (c’est-à-dire un ingénieur) affecté à l’état-major de la brigade. Si je n’ai jamais été au feu (çà n’était pas mon rôle, et je ne sais pas si j’en aurais eu le courage), j’ai entendu des centaines de fois retentir le ronfleur annonçant un départ, et des centaines de fois des hommes en uniforme courir et se précipiter à chaque fois avec la même passion et la même envie de servir et de porter secours, que ce soit pour un renfort incendie ou simplement pour porter assistance à un SDF. Des centaines de fois partir, et revenir.

Il m’est arrivé un jour, durant mon service, en 1994, de passer voir le major responsable de l’HCCA (je ne sais pas si cela s’appelle toujours comme çà mais c’est le service qui s’occupe entre autres de l’habillement) à Masséna. Ce jour-là était particulier : il y avait accroché dans son bureau une tenue de feu. Elle appartenait à un caporal, mort au feu quelques jours auparavant (je crois qu’il s’agissait du caporal Luc Bellier, mais ma mémoire me fait défaut). J’ai ressenti une très forte émotion, dont je me rappelle encore aujourd’hui. Sans avoir fait de compagnie incendie, j’ai alors compris ce que représentait l’engagement pour ce métier.

Cette photo a été prise en septembre 1994, devant le fourgon d'appui

Ce samedi soir, ce sont cinq soldats du feu qui ont payé de leur vie leur engagement et leur fidélité à un idéal représenté par la devise de tous les sapeurs-pompiers, qu’ils soient militaires, professionnels ou volontaires :

Sauver ou périr

C’est avec une très forte émotion que j’ai appris cette nouvelle, émotion mêlée du souvenir de ces jours passés à Champerret et de cette rencontre avec la fatalité et l’injustice dans le bureau du major de l’HCCA. Samedi soir, cinq sapeurs et gradés ne sont pas rentrés à cette caserne où j’ai appris le respect et où j’ai découvert des hommes courageux et dévoués.

Le site officiel de la brigade est accessible via www.bspp.fr ou www.pompiersparis.fr. Pour manifester votre soutien, si vous habitez Paris ou les départements de la petite couronne (92-93-94), là où la brigade intervient, n’oubliez pas les calendriers en fin d’année et visitez le site de l’Association pour le Développement des Oeuvres Sociales des Sapeurs-Pompiers de Paris (www.adosspp.com). Et si vous habitez en dehors du secteur brigade, pensez aussi à vos pompiers. Mais ne vous laissez pas abuser par de faux démarcheurs ! Les valeurs des pompiers ne sont hélas pas partagées par tous.

Lorsque les commentaires étaient ouverts sur mon site, j’ai reçu ce message :

(12 nov 2012) je suis l’épouse de luc bellier, mon fils vient de me faire lire votre temoignage . cela nous a troublé tous les 2. nous vous remercions de vos pensées et de votre sentiment par rapport a cette profession.